mercredi 9 janvier 2013

Obama, Acte II... Lew au trésor !


Le nouveau secrétaire au Trésor est donc Jacob Lew

Timothy Geithner était le précédent et avait annoncé qu'il ne voulait pas rempiler pour un second "mandat".

Rappelons que si l'élection présidentielle américaine a eu lieu au mois de novembre 2012, ce n'est que maintenant, en janvier 2013, que le président élu prend officiellement ses fonctions.. Comme c'est l'homme déjà en place qui a été réélu, on a l'impression qu'il n'y a aucun changement, mais c'est bien un nouveau mandat qui débute, avec son cortège de nominations, départs, etc..

Alors pourquoi s'intéresser à cette nomination en particulier (il y a aussi du changement à la CIA, au poste de secrétaire d'état - le ministre des affaires étrangères -, etc..).

Petit rappel, on parle ici du "ministre des finances" : je vous invite à relire l'historique depuis 30 ans, on a une belle brochette.. : Les secrétaires américains au trésor depuis 30 ans

A moins d'avoir hiberné dans une grotte au Népal depuis 4 ans, vous n'avez pas pu échapper à la "crise", qui a notamment débuté fin 2007 aux USA par l'effondrement du marché immobilier puis la faillite de Lehman Brothers en octobre 2008.

Le secrétaire au trésor sortant, Tim Geithner, s'est illustré par le soutien au  plan de sauvetage des banques en 2008 alors qu'il présidait encore la FED de New York, puis s'est illustré depuis 4 ans en ne faisant absolument RIEN pour tenter de réguler Wall Street. Pire, il s'est permis à plusieurs reprises de venir donner des leçons aux européens sur la "dette" de certains pays alors même que les Etats Unis doivent bientôt  après l'avoir déjà fait à l'été 2011, relever le plafond de leur dette colossale pour ne pas être en défaut de paiement.

Evidemment ce monsieur a activement participé au fameux débat (disons plutôt les jeux du cirque bien orchestrés) sur la "falaise fiscale" qui, sans accord, aurait débouché au 1er janvier de cette année sur une impasse et des mesures drastiques au niveau du budget américain.. Quand on est un clown on le reste..

Bref, toutes celles et ceux qui pensent encore que l'administration "Obama 2" va faire mieux que la précédente pour tenter de remettre le système sur les rails vont en avoir pour leur argent :

Jacob Lew est donc le nouveau secrétaire au trésor.. pour la rupture avec son prédécesseur, on repassera puisque de toutes façons il était déjà dans l'équipe gouvernementale depuis 2008...

Il est issu de la même "lignée" : membre du Council of Foreign Relations, qui compte Henry Kissinger, Madeleine Albright, Colin Powell et bien d'autres, cette organisation qui se dit "apolitique" compte des membres éminents qui appartiennent également à la commission Trilatérale ou encore au groupe Bilderberg.

Dans la lignée de Robert Rubin

Jacob Lew avait déjà servi sous Bill Clinton, au budget, sous la direction du secrétaire au trésor d'alors, un certain Rubin..  oui oui, celui-là même qui est vice président du bureau du Council of Foreign Relations..
Le monde est petit non ?

Lew est également membre du Brookings Institution Hamilton project, un think tank plutot libéral basé à Washington, D.C

Pour rappel c'est sous Rubin que l'administration américaine a définitivement enterré les garde-fous contre la finance dérégulée qui existaient encore (hérités des années 30) notamment en autorisant la fusion Citigroup / Travellers..

Et ce fameux Rubin est ensuite parti chez Citigroup... Tiens tiens, Citigroup...
Qu'a fait Jacob Lew pendant les années Bush ?

En juin 2006, Lew a été nommé directeur exécutif de Citigroup's Alternative Investments unit, une entité de trading indépendante qui a notamment investi et parié (spéculé pour être clair) avec son hedge fund sur la chute du marché immobilier américain.. il a donc gagné de l'argent sur la chute des subprimes, vous savez, les fameux crédits hypothécaires. Des millions d'américains allaient être expulsés de leur maison mais voilà que le nouveau ministre des finances dirigeait un fond spéculatif qui a gagné de l'argent en spéculant sur l'effondrement de ce marché immobilier..

Et bien soyez rassurés chers lecteurs, ce n'est pas avec ce personnage à ce poste clé que la haute finance internationale qui spécule sur tout a des soucis à se faire.

Circulez, ya rien à voir !

mardi 20 novembre 2012

Moody's dégrade la France de AAA à AA1


L'agence de notation financière Moody's dégrade la note de la France à AA1. Le pays perd ainsi son 2ème "triple A" après que Standard & Poor's a dégradé la France en janvier 2012. Il ne reste donc plus que Fitch (parmi les 3 "grandes agences") qui maintienne encore son AAA pour notre pays.

Il vaut mieux en rire...

Je vais peut-être en surprendre quelques uns en pensant qu'il vaut mieux en rire, mais force est de reconnaître que c'est du Grand Guignol, ça n'est pas crédible, ça ne mériterait même pas un article... Sauf qu'il est intéressant d'essayer de décrypter..

Le timing boursier d'abord

Pour ceux qui s'intéressent un peu aux marchés financiers et aux agences de notation (je vous rappelle que ces "agences" ont tellement bien fait leur travail avant la crise qu'elles notaient toutes AAA tous les CDO pourris truffés de subprimes qui se sont effondrés et ont provoqué la crise de 2008), il est effectivement à minima pertinent de s'intéresser au timing.

Après une semaine passée relativement maussade à la bourse de Paris, le CAC 40 ayant terminé vendredi sur un repli de -1.21% en s'effondrant dans la dernière demi heure, tout en laissant les places américaines nettement rebondir juste après la clôture des bourses européennes, cette journée de lundi a pour le moins été étrange, la bourse de Paris ayant terminé ce jour en forte progression de près de 3%, effaçant les pertes des 3 séances précédentes, mais dans des volumes ridicules, et surtout avec une avancée mécaniquement ordonnée, tel un métronome, tout au long de la journée, alors qu'aucune actualité particulière n'a filtré ce week-end sur aucun sujet. De là à s'interroger sur de possibles intervenants "au courant de l'annonce qui allait être faite", et sur une hausse artificiellement entretenue afin de tenter de prendre les "gogos" (les petits porteurs et investisseurs classiques) à contre-pied demain matin, il y a un pas que je ne franchis pas complètement, non pas que je pense que personne n'était au courant (il suffit de s'intéresser aux actionnaires de Moody's), mais plutôt parce que je ne suis pas convaincu que le piège va fonctionner.
Pour l'instant les indices "futures" ne préfigurent pas de chute massive à l'ouverture demain matin du CAC 40...

Le contexte "dette américaine"

Il n'échappe à personne qu'un des sujets majeurs de la planète "finance" depuis des semaines est le fameux "fiscal cliff" aux USA, ou comment le président Obama, le sénat démocrate, et la chambre des représentants républicaine vont ils réussir à s'entendre sur les mesures à prendre pour enrayer la hausse de la dette américaine : sans accord d'ici fin décembre, des mesures automatiques de hausses d'impôts et de coupes budgétaires massives entreront en vigueur en janvier 2013 et feront plonger les USA dans la récession.
Un petit détournement d'attention sur l'Europe est donc tout à fait opportun de la part d'une agence qui a son siège dans le pays le plus endetté du monde, on y est d'autant plus habitué que c'est systématique depuis 2010, dès qu'un problème ressurgit aux USA, paf on remet le focus sur l'Europe, ce qui dédouane les USA d'entreprendre quelque réforme que ce soit

Le timing de Moody's vis à vis de la France

Certes Moody's avait annoncé avoir mis la France sous surveillance depuis plusieurs mois (février 2012), mais on peut éventuellement être surpris de cette annonce qui arrive quelques jours après le virage du gouvernement en faveur d'une politique sociale libérale avec le "pacte de compétitivité". La France a même surpris les économistes en dégageant une croissance de 0.2% au 3ème trimestre (quand beaucoup s'attendaient à 0) et en faisant jeu égal avec l'Allemagne. Bref, si cette dégradation était intervenue courant janvier 2013 une fois connus les chiffres 2012, une fois les perspectives en Europe pour 2013 un peu mieux maîtrisées  why not mais là..

Les impacts d'une telle dégradation ?

Alors qu'elles semblaient avoir le droit de vie et de mort ou presque sur un pays en le dégradant, ce qui mécaniquement faisait augmenter massivement ses taux d'intérêts d'emprunt, il semble que les agences de notation ne soient plus aussi influentes.

Depuis que Standard & Poor's a dégradé la France en janvier 2012, les taux d'intérêts à 10 ans pour la France ont fortement baissé en passant de 3.5% à 2%, soit une baisse de 150 points de base : la France n'a jamais emprunté à des taux aussi bas que maintenant..
Il en fut d'ailleurs de même pour les USA, qui ont vu leurs taux d'emprunts fortement baisser depuis qu'ils ont été eux aussi dégradés par Standard & Poor's..

On peut donc raisonnablement penser que cette nouvelle dégradation par Moody's n'aura pas d'impact négatif pour les emprunts français tout simplement parce que la note française reste parmi les meilleures du monde, et parce qu'il y a tant d'argent en circulation que les investisseurs doivent bien le placer quelque part : il n’apparaît pas aux yeux de ses investisseurs que la France va faire faillite dans 6 mois, n'en déplaise aux crétins qui veulent comparer la France à la Grèce par exemple, pour faire peur..

Enfin, on peut aussi s'interroger sur une possible "compétition" entre les différentes agences, Moody's ayant besoin d'exister face aux 2 autres : Moody's a eu tendance ces derniers temps à dégainer avec 2 trains de retard sur d'autres notes (sur la Grèce ou l'Espagne notamment).

Les agences dans le collimateur 

On peut parler d'une perte d'influence des agences de notation, et après tout on ne peut que s'en réjouir, puisqu'elles ne font qu'exprimer une "opinion" (c'est leur propre ligne de défense quand on leur demande pourquoi elles notaient AAA des produits toxiques en 2007).

Il me semble qu'il faut surtout les remettre à leur place, et c'est exactement ce qui se passe dans plusieurs pays, même si ces informations ne font pas la une des grands médias.

Inquiété par la justice italienne, l'agence Fitch a annoncé le 14 novembre qu'elle suspendait ses activités publiques en Italie : le parquet de Trani a décidé le renvoi de plusieurs des cadres de l'agence devant la justice pour "manipulation de marché, pour avoir dégradé la note de l'Italie à des fins spéculatives"...

Standard & Poor's a été condamnée le 5 novembre 2012 par la justice australienne pour notation trompeuse : l'agence devra dédommager des collectivités qui ont englouti des millions de dollars dans des produits toxiques pourtant notés AAA par l'agence... La banque ABN AMRO a également été condamnée.

La société IMF Australia, qui défend les intérêts des collectivités australiennes a annoncé qu'elle envisageait de saisir la justice pour les mêmes motifs en Nouvelle-Zélande, aux Pays-Bas ou en Grande-Bretagne..

Il se trouve que Moody's suit de près ce dossier, car elle est poursuivie depuis 2010 aux USA conjointement avec Standard & Poor's pour les mêmes tromperies.

Comme dit le proverbe, la meilleure défense, c'est l'attaque, Moody's cherche donc probablement à occuper le terrain médiatique..

Mots clés :

Moody's, dégradation, France, AAA, Agence de notation

dimanche 18 novembre 2012

François Hollande, mensonges et trahisons

"Mon ennemi, c'est la finance"

Vous vous souvenez sans doute de ce discours au Bourget pendant la campagne présidentielle...
Vous vous souvenez sans doute également de ses différentes promesses :
  • "pourquoi la banque centrale européenne prête t'elle aux banques à 0.75% et pourquoi ces mêmes banques prêtent elles ensuite à 5 ou 6% aux états ? Je veux obtenir des prêts directs aux états par la BCE"
  • "je veux renégocier le traité budgétaire européen, et y ajouter un pacte de croissance, car sans croissance nous ne sortirons pas de la crise actuelle"
  • "je veux m'attaquer à la spéculation"
  • etc..
Qu'en est-il 6 mois après le début de son mandat ?

Préambule

Je ne souhaite pas faire un papier "facile" à la mode des propos que peuvent tenir les ténors de l'UMP sur les reniements de François Hollande, et j'écris également sans détour que j'ai voté pour lui au second tour de la présidentielle. Non pas que je m'attendais à des miracles, mais au moins avais-je espéré une prise de conscience réelle sur la nécessaire "définanciarisation" de notre économie de la part de celui qui allait diriger le pays, tout en tenant compte des contraintes multiples (Crise mondiale depuis l'effondrement des marchés en 2008, Europe, dette, guerre des monnaies dollar / euro, régulation financière, etc..).

Certains des électeurs de François Hollande retiendront peut-être des mesures comme le retour de la retraite à 60 ans pour ceux qui avaient commencé à travailler très tôt, les emplois d'avenir ou le doublement de l'allocation de rentrée scolaire, sans parler de la présentation du projet de loi du "mariage pour tous" : sur ce dernier sujet je me permets une petite disgression par rapport au sujet global de cet article... Je ne sais pas encore à cette heure qui de François Fillon ou de Jean-François Copé sera élu à la tête de l'UMP, et j'ai presque envie de dire "peu importe"
Cf l'excellent passage de Marie-France Garaud à "Ce soir ou jamais" :


Je trouve simplement inadmissible que ces prétendants à la direction du principal parti d'opposition se permettent pendant des années de nous bassiner les oreilles avec le nécessaire respect de la loi dès qu'il s'agit de parler des "incivilités" des uns et des autres, et viennent ensuite déclarer (pour au moins l'un des 2) qu'ils ont le devoir en tant qu'élu de ne pas respecter la loi si ce mariage pour tous est adopté au parlement, en faisant célébrer de telles unions par leurs adjoints. Bref..

Il est donc important, pour revenir au sujet de l'article, de noter les décisions et actes importants de François Hollande qui contredisent totalement ses engagements de campagne : il n'est pas encore trop tard pour changer de cap, et il est permis d'espérer qu'à la manière d'un Roosevelt en 1933, François Hollande puisse avoir le courage de changer radicalement d'orientation.
Et si au fond de lui il se dit que la réalité qu'il affronte est différente de ce qu'il avait imaginé, à tel point qu'il n'est pas en mesure d'appliquer l'orientation qui avait été choisie par les électeurs, alors qu'il s'en aille, ce sera tout à son honneur.

Acte 1, la nomination d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, nommé secrétaire général adjoint de l'Elysée dès la prise de fonction de François Hollande, diplomé de l'ENA, ancien inspecteur des Finances, était depuis 2008 banquier d'affaires chez Rothschild. Début 2012 il est nommé gérant dans cet établissement et pilote l'une des plus grosses transactions de l'année, le rachat d'une filiale de Pfizer (géant de la pharmacie) par Nestlé (géant de l'agro-alimentaire), pilotage qui lui permet de devenir millionnaire.
Il avait rencontré François Hollande en 2006 par l'intermédiaire de Jean-Pierre Jouyet, lequel sera nommé patron de l'Autorité des Marchés Financiers.

On peut dès le 15 mai s'interroger sur l'orientation économique et financière que prendra le mandat de François Hollande avec un Emmanuel Macron aux commandes des affaires économiques et financières, et qui de l'aveu de la plupart des journalistes, est le point de contact obligé à l'Elysée si de tels sujets doivent être abordés... 

Acte 2, les premières mesures

Dès le 1er collectif budgétaire, le président et le gouvernement abrogent donc avec le soutien du parlement la fameuse "TVA sociale" votée par le précédent gouvernement. J'aurai l'occasion d'y revenir car pour moi l'idée même d'utiliser la TVA pour permettre qu'une taxe sur les produits importés puisse financer une partie de la protection sociale est plutôt une bonne idée, mais c'est sur quelques détails que je souhaite m'attarder.
Le précédent gouvernement avait donc prévu de transférer environ 5.6 milliards d'euros de cotisation patronales dues au titre de la branche "famille" vers :
  • d'une part la TVA, qui devait être relevée de 19.6 à 21.2%
  • d'autre part le relèvement des prélèvements sociaux de 13.5% à 15.5% sur le "capital"
  • et enfin vers une "taxe sur les transactions financières" de 0.2% qui devait entrer en vigueur au 1er août 2012.
Tout le monde sait ce qu'il est advenu du relèvement de la TVA, qui a été supprimé, pour revenir 3 mois plus tard.. dans une forme différente. Sur ce point d'ailleurs, si on veut parler de la "lisibité" de la politique voulue par le président, il est quand même compliqué pour les électeurs de le suivre. Il supprime une TVA pour en remettre une autre, il annonce 10 milliards d'impôts supplémentaires pour les entreprises pour 3 semaines après annoncer 20 milliards de crédit d'impôt pour ces mêmes entreprises..

L'abaissement des cotisations patronales "famille" a bien été annulé, par contre le relèvement des prélèvements sociaux de 13.5 à 15% a été maintenu, les détenteurs de livrets (autres que livret A ou LDD), PEL, CEL, assurance vie ont surement apprécié (il peut s'agir de petits épargnants).
Bref on a annulé un allègement de charges d'un coté mais on a "oublié" d'annuler la contrepartie en recettes sur les prélèvements sociaux..

Mais surtout, la taxe sur les transactions financières est entrée en vigueur.. 
Cette taxe est tout sauf anti-spéculation !
En effet, elle ne s'applique pas pour les spéculateurs qui font de multiples aller/retours dans la journée, et elle ne concerne que les transactions sur des sociétés dont la capitalisation dépasse le milliard d'euros.
On a donc du mal à comprendre comment cette taxe peut tenter de décourager la spéculation quand au contraire elle pénalise les investisseurs de long terme, qui vont acheter des actions et les garder plusieurs mois, pendant que ceux qui multiplient les achats / ventes en "intraday" en sont exonérés !
Pire, exit donc les produits hautement spéculatifs à fort effet de levier comme les certificats sur indices, matières premières ou actions, qui ne sont pas soumis à la taxe !

Il eut donc été utile de remanier cette taxe avant de la mettre en application, afin qu'elle soit cohérente avec la volonté affichée de lutter contre la spéculation !

1er raté et reniement du président sur le collectif budgétaire donc...

Acte 3, l'Europe

Dès le 1er sommet auquel il participe, François Hollande en revient "victorieux" sur 2 points principaux
  • un accord européen pour un plan de 100 milliards d'euros destinés à sauver les banques espagnoles
  • un vague "pacte de croissance" pour 120 milliards d'euros
Puis avec l'été et la rentrée en septembre :
  • les eurobonds sont abandonnés (ou remis aux callendes grecques)
  • le 6 en septembre il se félicitera de la décision de Mario Draghi qui annonce que la BCE rachètera sans limite les obligations des pays en difficulté sur le marché secondaire
De qui se moque t'il ? de ses électeurs c'est certain..

Le plan de 100 milliards pour les banques espagnoles

Les états, des USA aux états européens, n'ont fait que ça depuis 2008 : renflouer les banques, sans jamais prendre de mesure de régulation qui les empêcheraient de recommencer. On a transféré la dette privée du secteur financier sur la dette publique, l'Europe a globalement accordé près de 5000 milliards d'euros de prêts, garanties diverses, renflouements (Dexia, Royal Bank of Scotland, CommerzBank, etc..), et la seule bonne idée du moment est d'accorder 100 milliards de plus pour les banques espagnoles, sans contrepartie ?
On va demander à l'Italie d'emprunter à 5% sur les "marchés" auprès de grandes banques (à qui la BCE je vous le rappelle à prêté 2 fois 500 milliards d'euros en 6 mois à 0.75%) pour qu'ensuite l'Italie abonde au plan de sauvetage des banques espagnoles, à fonds perdus ? On marche sur la tête...
Si l'Espagne construisait davantage de logements que la France et l'Italie réunies pendant la folle bulle immobilière des années pré-crise, et si les banques et les promoteurs immobiliers s'en sont à l'époque mis plein les poches, les contribuables européens n'y sont pour rien ! Va t'on demander aux dirigeants des banques espagnoles, aux présidents de régions qui roulaient parfois en Ferrari, et aux promoteurs immobiliers de rendre l'argent gagné pendant les belles années insouciantes, va t'on condamner en justice tous les établissements qui ont émis des documents trompeurs à destination des épargnants ? Evidemment que non... Encore juste l'argument bidon du "too big to fail".

Pour quelqu'un qui voulait s'en prendre à la finance, il a eu tellement peur d'affronter le système financer et il était tellement pressé de tenter d'éviter que le mélodrame espagnol ne se transforme en nouvelle crise "à la grecque" qu'il vient nous expliquer que ce plan de sauvetage est une bonne idée.

2ème raté et reniement du président du président, sur l'Espagne

Le pacte de croissance de 120 milliards d'euros...

Tout d'abord il ne s'agit que de dépenser des fonds qui existaient déjà (dont certains "fonds de réserve" ou d'autres "fonds structurels"), sans aucune mobilisation de sommes complémentaires. Ensuite on nous explique qu'on va renforcer les capacités d'intervention de la BEI (la Banque Européenne d'Investissement), en augmentant ses moyens de prêt en jouant notamment sur l'effet de levier... ou comment jouer avec une banque publique en appliquant les méthodes qui ont porté certaines banques privées au bord de la faillite (et on demandera encore aux citoyens dans 2 ou 3 ans de bien vouloir combler les trous suite à des investissements hasardeux).
Mais surtout, on parle de 120 milliards d'euros.. sur 1 an ? sur 5 ans ?

Avez-vous une idée de ce que représente cette somme ?
Le PIB de la Zone Euro (les 17 pays) est d'environ 9500 milliards d'euros, et le PIB de l'Europe des 27 est d'environ 12500 milliards d'euros.

A l'échelle des 27, les 120 milliards du "pacte de croissance", s'ils étaient dépensés sur la 1ère année, ne représente que 1% du PIB européen, pendant qu'on prend des mesures qui ont des impacts récessifs dans différents pays pour un montant de plusieurs points de PIB (Grèce, Espagne, Italie, Royaume Uni, Irlande, etc...).

Si on considère que le PIB de la France est d'environ 2000 milliards d'euros, et si ce "pacte de croissance" est distribué au pro-rata dans les différents pays, en sachant que le PIB de la France est d'environ 1/6 du PIB des 27, alors on ne peut espérer au mieux qu'une part de 20 milliards d'euros de ce pacte de croissance pour la France, ce qui est inférieur aux 30 milliards d'euros du plan d'austérité contenu dans la loi de finances pour 2013.. 
Terminons sur ce point pour noter qu'au final le parlement français a adopté le texte du traité budgétaire européen sans en modifier une virgule, et que par contre personne n'est capable de nous expliquer la mise en application de ce "pacte de croissance", qui n'aura donc été qu'un effet d'annonce 1 mois après l'élection de François Hollande.

3ème raté et reniement du président sur le pacte de croissance...

L'intervention de la BCE dans le financement des états

On l'a tous entendu, les "pays s'endettent auprès des banques privées à des taux d'intérêts élevés pendant que la banque centrale européenne prête à des taux proches de 0 à ces mêmes banques privées"..

On peut appeler ça la "planche à billets", peu importe, on peut ou non tenter de comprendre la guerre monétaire qui se joue à l'échelle de la planète, un constat s'impose malgré tout : 
de part le traité de Lisbonne, qui a hérité du traité de Maastricht, qui a lui même hérité de lois en vigueur dans certains pays (la fameuse loi de 1973 dite Giscard - Rothschild), et de part l'obsession de l'Allemagne qui a été traumatisée par l'inflation galopante des années 1920 / 1930, la zone euro est la seule zone monétaire du monde dans laquelle l'institut d'émission (la banque centrale) ne sert pas de prêteur en dernier ressort pour les états et collectivités publiques. Ni la Banque d'Angleterre, ni la Banque du Japon, et encore moins la FED aux USA, ne se gênent pour prêter à leurs gouvernements.
J'aurai l'occasion de publier un article sur cette aberration mais je souhaite rester dans le coeur du sujet de cet article. François Hollande avait donc martelé pendant sa campagne qu'il se battrait pour que la BCE puisse intervenir directement auprès des états.

Et bien on peut dire pour le moins qu'il n'a pas été très combatif sur ce sujet.. En moins de 2 mois il avait donc abandonné cette idée et pire, après cet abandon rapide au cours de l'été, il se félicitait début septembre de l'annonce par la BCE de sa nouvelle opération miracle, à savoir le rachat "illimité sur le marché secondaire des obligations de maturité comprise entre 1 et 3 ans" pour les pays en difficulté qui en feraient la demande (sous conditions d'ailleurs, comme l'appel global à un plan de sauvetage sous la houlette du FESF / MES, etc..)

De qui se moque t'on une nouvelle fois ? Venir commenter cette décision de la BCE comme une victoire, un aboutissement de l'engagement pris sur le financement des pays par la BCE est un mensonge grossier.

"Rachat sur le marché secondaire" : concrètement, on laissera le pays concerné emprunter à 5 ou 6% et si au final les banques privées veulent se débarrasser de ces obligations, alors elles pourront les fourguer à la BCE.. En quoi cela est il sensé aider le pays qui emprunte ?

4ème raté et reniement du président sur la BCE..

Acte 4, les sauvetages annexes franco-français

C'est presque passé inaperçu dans les médias, mais depuis septembre le gouvernement français est une fois de plus venu au secours de plusieurs établissements financiers.

Début septembre, c'est le Crédit Immobilier de France qui est en faillite, et l'état se porte garant sur le dos des finances publiques des 33 milliards d'euros d'engagements de cet établissement.. Le patron de cet établissement est semble t'il parti "sans demander d'indemnités" mais bien évidemment une fois de plus personne ne rendra l'argent pris depuis des années, et personne ne sera inquiété pour mauvaise gestion..

Mi octobre, on apprend que l'état va accorder une garantie de 7 milliards d'euros à la branche "PSA Finances" du constructeur automobile.. Là encore, on engage pour 2 ans minimum les fonds publics, c'est à dire nos impôts, pour garantir une banque privée.. dont les actionnaires sont majoritairement exilés en Suisse.
Les esprits chagrins répondront que ce n'est qu'une garantie, contre rémunération, et que ça ne coûte rien à l'Etat... tant que tout se passe bien.. Mais en cas de coup dur, la garantie s'activera. On n'oubliera pas de rappeler qu'au moins 5 personnes du conseil d'administration de PSA (dont Philippe Varin à plus de 3 millions d'euros) ont des compétences hors normes puisque rémunérées plus d' 1 million d'euros par an, et qu'il est quand même étrange qu'une telle addition de compétences aboutisse à la quasi faillite de l'établissement (sans oublier la filiale d'assurances établie à Malte, etc.., lire cet article)

Cerise sur le gâteau, début novembre, on annonce un énième renflouement de Dexia, vous savez, la banque qui a monté des prêts d'une complexité hors normes pour les collectivités locales.. Ce n'est que le 3ème plan de sauvetage de cette banque, qui je vous le rappelle avait passé avec succès les fameux "stress tests" avant d'être déclarée une 1ère fois en faillite.. et nationalisée par les états belge, luxembourgeois et français. Un puits sans fond que cet ultime sauvetage de cette banque aux pratiques douteuses, qui va encore coûter la bagatelle de 2.5 milliards d'euros aux finances de l'état français, c'est à dire une fois de plus sur le dos de nos impôts, sans qu'on puisse exclure que la facture finale dans 10 ans ne soit pas de plusieurs dizaines de milliards d'euros. Le pire dans l'histoire Dexia est que la "crise de la dette européenne", mise en avant pour expliquer les difficultés de l'établissement, est une tromperie absolue à l'égard du public, alors qu'il faut notamment chercher du coté du scandale du Libor pour expliquer une partie des difficultés de la banque.

Là encore on le voit, pour quelqu'un qui avait annoncé qu'il combattrait la finance, tout n'est que soumission au pouvoir du "marché".

Acte 5, la séparation des activités de banque de dépôt et de banque casino

François Hollande avait déclaré pendant sa campagne présidentielle être favorable à la séparation des activités de "banque de dépôt" de celles de "banque d'investissement", les banques françaises étant bâties sur le modèle de banque universelle, qui fait tout, du dépot du salaire pour les particuliers au crédit immobilier, de la carte bancaire au Plan épargne Logement ou livret A, toutes ces activités pouvant être rangées dans la catégorie "banque de dépôt", mais aussi des opérations de bourse en tant qu'émetteurs de produits spéculatifs (market maker sur le coup), de banque d'investissement plus classique lorsqu'elles prennent des participations dans telle ou telle entreprise, de conseil et intermédiaire dans les opérations de fusions / acquisitions  ou encore d'opération encore plus opaques comme le trading en compte propre (souvenez vous l'affaire Kerviel) ou encore les agissements sur les places financières parallèles non réglementées (les fameux darkpool).
En voulant séparer ces activités, l'idée est de garantir la sécurité des dépôts des particuliers et PME et de laisser la "banque casino" faire joujou dans une autre cour sans mettre en péril ces dépôts.
Il est utile de rappeler que c'est la principale mesure qui a été prise dans les années 30 aux USA après le krach boursier de 1929, et qui a permis jusqu'à la fin des années 90 de protéger à peu près le secteur de ses propres errements. J'aime bien l'image reprise dans le film "Inside Job", où l'on compare une banque à un tanker géant dans lequel on a mis des cloisons étanches entre les différents compartiments, afin que si l'un des compartiments venait à être endommagé, la fuite ne se propage pas à tous les autres compartiments.
En permettant aux banques géantes de pratiquer toutes les activités sans aucun cloisonnement, on a fait sauter ces sécurité, et il est aisé de comprendre que si l'une des activités vient à prendre l'eau, c'est l'ensemble du navire qui coule.

Et bien voilà, Pierre Moscovici, ministre de l'économie et des finances, a déclaré fin octobre qu'il allait substituer au projet de scission des banques un autre projet "à minima", une loi qui se contenterait d'encadrer et ou d'interdire les activités les plus risquées". Le lobby bancaire a oeuvré tout l'été pour convaincre le Conseil de Régulation Financière du Risque Systémique (CRFRS) et a donc obtenu gain de cause, exit la scission des banques.

5ème raté et reniement du président sur la les banques..

Epilogue

Monsieur le président, vous avez déclaré au cours de votre conférence de presse que ce qui vous importait n'était pas votre cote actuelle dans les sondages, mais l'état de la France dans 5 ans.
Monsieur le président, je me permets de vous affirmer que rien n'aura changé dans 5 ans, on aura même d'ici là probablement encore aggravé la situation pour les plus démunis en accordant pan après pan de nouvelles concessions à la finance folle qui dirige le monde, qu'il s'agisse de services publics qui ne manqueront pas d'être privatisés, qu'il s'agisse de ressources naturelles européennes dont nous confierons la gestion à des multinationales qui se moquent éperdument du bien-être des populations, ou qu'il s'agisse de la directive européenne sur les retraites en cours de préparation.
Le 1er plan d'aide à la Grèce prévoyait un "retour sur les marchés" de ce pays en 2013, le second plan d'aide prévoyait que la dette de la Grèce serait ramenée à 120% du PIB à l'horizon 2020, et nous savons d'ores et déjà que les dégâts causés par l'austérité aveugle a décimé ce pays.
50% de la jeunesse espagnole est sans emploi, 25% de notre jeunesse est sans emploi, et le président Obama que vous venez de féliciter pour sa réélection dirige un pays dans lequel 47 millions de personnes ne peuvent manger que parce que les autorités leur distribuent un bon alimentaire.
Rien, absolument rien n'a été résolu depuis la crise de 2008, il y a toujours de milliers de milliards dans les paradis fiscaux et la même cupidité des dirigeants financiers sur toutes les places du monde. (Wall Street et la City en particulier).
Saisissez cette occasion historique de changer le cours des choses, s'il vous plait.



Moi, banquier américain, maître du monde..

3 informations importantes cette semaine sur la haute finance américaine :

1) La banque centrale américaine, par la voix d'Elizabeth Duke, a déclaré cette semaine qu'elle se refusait à imposer la mise en application stricte de la réglementation dite "Bâle III" dès début 2013...
2) la SEC conclut un accord amiable (petite amende de 400 millions de dollars pour 2 banques) après des plaintes déposées dans le cadre des tromperies sur les dérivés liés aux subprimes
3) Tim Geithner, secrétaire d'état au trésor (le "ministre des finances" américain) nous explique que le plus simple pour régler le problème de la dette américaine est de supprimer le plafond

Décryptage

Les banques américaines et Bâle III

Suite à la crise financière de 2007/2008 et la chute de Lehman Brothers, les différentes autorités de contrôle et le G20 ont lancé une vaste réflexion pour tenter de renforcer la solidité des banques afin d'éviter une nouvelle catastrophe. Entre autres, la réforme réglementaire "Bâle III", publiée le 26 décembre 2010, visait notamment à renforcer les ratios des banques, c'est à dire pour simplifier, le rapport entre leurs capitaux propres et leurs dettes..

En effet, on a constaté que la sévérité de la crise de 2007 / 2008, qui a démarré aux USA par les abus sur les prêts immobiliers à risques (subprimes), s'explique en grande partie par le fait que la taille des bilans des banques avait connu une croissance sans limite, pendant que la qualité de fonds propres (censés couvrir les risques) n'avait cessé de se dégrader. De plus, les banques ne disposaient pas des réserves suffisantes pour faire face à une crise de liquidité. Quand le château de cartes des "subprimes" s'est effondré, les banques se sont révélées incapables de faire face à leurs pertes et ont fait appel aux autorités publiques pour les renflouer. Ce cercle vicieux a fait explosé les déficits publics.. et ce sont maintenant ces mêmes "marchés financiers" qui prennent les états à la gorge et exigent des réformes pour la réduction de la dette publique..
N'oublions pas qu'au delà de Lehman Brothers, plusieurs centaines de banques américaines ont fait faillite en 2008, 2009 et 2010..

Sans rentrer dans les détails des différents ratios définis par "Bâle III" (les ratios NCR et NSFR), et même si théoriquement les banques ont jusqu'en 2018 pour appliquer strictement les nouvelles normes (il faut savoir que les américains n'ont jamais appliqué la norme précédente, dite "Bâle II"), les recommandations du comité de Bâle doivent être transposées en droit national d'ici au 1er janvier 2013.

Depuis l'adoption de cette réforme en décembre 2010, bien d'autres problèmes ont agité les différents marchés financiers, de la crise grecque à la quasi faillite des banques espagnoles, en passant par différents scandales autour de JP Morgan (perte de plusieurs milliards au printemps) ou encore autour de la manipulation du Libor.

Les politiques avaient donc tenté d'imposer l'application plus rapide que prévue des nouvelles normes réglementaires, et 2013 semblait accessible. On a ainsi en Europe, et particulièrement en France, vu la plupart des établissements bancaires dits "systémiques" (les fameuses banques "trop grosses pour faire faillite", à savoir Société Générale, Crédit Agricole et BNP Paribas) réduire considérablement la taille de leur bilan, essentiellement par la cession d'actifs.

En effet quand vous souhaitez améliorer un "effet de levier" entre des capitaux propres et des dettes, vous avez 2 solutions : soit vous augmentez vos capitaux propres, soit vous diminuez vos dettes. Comme il n'était pas envisageable pour ces banques de procéder à des augmentations de capital dans les conditions de marchés existantes (le cours de Société Générale est passé de 140 euros à moins de 15 euros au plus fort de la crise, le cours de Crédit Agricole est passé de plus de 30 euros à moins de 3 euros, etc..), ces banques ont donc vendu des participations détenues un peu partout dans le monde (en Grèce notamment pour crédit agricole), et sont devenues beaucoup plus regardantes avant d'accorder des prêts, afin de pouvoir afficher le plus vite possible des "ratios" conformes aux nouvelles règles. C'est là un des effets pervers de cette nouvelle norme : puisque l'effet de levier des banques doit être réduit, elles prêtent moins, ... mais ce n'est pas l'objet de cet article).

On se souvient de Christine Lagarde, à peine nommée au FMI à l'été 2011, qui lançait un pavé dans la mare en déclarant que les banques européennes étaient fortement sous-capitalisées (alors que 2 mois avant, encore ministre des finances du gouvernement français, elle disait le contraire), et on voit avec quel talent les autorités américaines remettent sur le devant de la scène la crise grecque et le problème des banques européennes, pendant que "leurs banques" ont de leur coté récupéré toute leur puissance et leur solidité, dégagent des dizaines de milliards de profits, etc..

Voilà donc un pays d'où est parti la crise en 2007, qui participe pleinement au G20 et qui, en façade, milite pour les accords de Bâle III, qui nous annonce cette semaine qu'il reporte sine die le calendrier d'application.

Pour justifier sa décision, la banque centrale américaine a fait état de l'inquiétude de nombreux établissements bancaires quant à une application stricte du nouveau cadre réglementaire dès début 2013, comme prévu initialement, alors qu'elles n'y seraient pas suffisamment préparées.

Tiens tiens, alors les banques américaines ne sont pas en si bonne santé que ça ?

Il est intéressant de surveiller ce que dira Michel Barnier, commissaire européen : il avait en effet déclaré que l'Europe n'appliquerait pas Bâle III tant que les Américains ne l'appliqueraient pas.. On va voir si comme d'habitude l'Europe se tait.. ou si elle ose hausser le ton face aux USA..

J'ai rarement été d'accord avec les dirigeants de nos banques, mais je dois dire que pour une fois je suis d'accord avec eux..
Monsieur Prot, patron de BNP Paribas, a participé récemment à une table ronde organisée par l'Autorité des Marché Financiers :
Faisant allusion à la loi américaine dite Fatca, qui impose aux établissements financiers du monde entier de communiquer des informations concernant leurs clients américains, M. Prot a estimé que "ce n'était plus la peine d'aller à Bâle, puisque le Congrès (américain) dirige les affaires mondiales."

"Les Américains se sont rendus compte que c'était un petit peu compliqué et risqué et ils ont décidé de prendre leur temps", a observé le président de l'AMF, Gérard Rameix.

"Si c'est les Etats-Unis, ce n'est pas grave, c'est la moitié de l'industrie mondiale", a ironisé M. Prot.

"Bâle III semble ne pas devoir être appliqué dans la zone d'où est partie la crise", a renchéri le PDG de Société Générale, Frédéric Oudéa, lors d'une autre table ronde.

La banque centrale américaine continue donc de se moquer du monde. Elle a provoqué la bulle immobilière américaine en ne contrôlant pas la quantité et la qualité des crédits en circulation (en ayant fortement baissé les taux d'intérêts suite à l'effondrement de la bulle Internet en 2001/2002), elle a ensuite provoqué en partie l'éclatement de la bulle en remontant fortement les taux en 2006 / 2007, elle a ensuite englouti des milliers de milliards pour sauver le système au moment de la faillite de Lehman Brothers en 2008, cette crise ayant provoqué une récession mondiale, des dizaines de millions d'emplois détruits dans le monde, et cette même banque centrale nous déclare donc aujourd'hui : "euh en fait les règles sont très bien pour les autres, mais pas pour nous"..

Les "accords amiables" de la SEC

Ajoutons que l'autorité de surveillance des marchés aux USA (la SEC) se félicite d'un accord trouvé avec JP Morgan et Crédit Suisse au sujet de plaintes déposées contre ces établissements pour tromperies sur les subprimes (vous savez bien, quand toutes les banques ont vendu des produits merveilleux, sans risque et très rentables à des investisseurs, et qu'on s'est aperçu ensuite que ces produits étaient pourris, et qu'ils ont occasionné des centaines de milliards de pertes) : une amende globale de 400 millions de dollars pour ces 2 établissements, et l'affaire est classée.
Là aussi ça devient une habitude, ces établissements ont provoqué une crise qui a vu des milliers de milliards partir en fumée, mais une petite amende de quelques centaines de millions et on met fin aux poursuites..
C'est beau la justice, on fait un petit chèque de type don aux oeuvres et on est lavé de toute responsabilité..

Le plafond de la dette américaine

Timothy Geithner, le secrétaire américain au Trésor, a plaidé vendredi pour la suppression du plafond de la dette publique imposée par le Congrés. Déjà la cause d’un mélodrame en 2011, le plafond de la dette devrait à nouveau être atteint en décembre. 
Vous avez entendu parler du fameux "fiscal cliff" (falaise fiscale) ?
Suite aux négociations difficiles il y a un an entre républicains et démocrates (les 1er ayant la majorité à la chambre des représentants, les seconds au sénat) pour relever le plafond de la dette américaine à 16 394 milliards de dollars, ces messieurs se sont donnés un an pour arriver à négocier un plan qui permettrait à terme de réduire les déficits publics et la dette. Sans accord d'ici fin décembre 2012, des mesures automatiques entreront en vigueur en janvier 2013 : hausse d'impôts, coupes sévères dans les dépenses publiques, etc.. Ces mesures sont redoutées car elles provoqueraient une forte récession aux USA (elles sont bonnes à appliquer en Grèce, en Espagne ou au Portugal par contre...)
Alors au lieu de ne pas réussir à s'entendre sur le comment, Tim Geithner a cette idée toute simple : supprimer le plafond (regardez cette vidéo, passage à 7'09 : 

Rien n'a donc changé depuis des mois et des mois, on vous bourre le crâne sur la crise européenne, mais tout va bien aux USA...

vendredi 14 septembre 2012

J'ai tout fait comme les banquiers...


Je me suis dit qu'en ces temps de crise la moindre des choses était d'appliquer les préceptes imposés par les banques centrales et les gouvernements aux pauvres petits spéculateurs qui se morfondent, sans doute de honte en raison des piètres investissements qu'ils ont fait.

Aussi avec mes amis nous sommes allés demander à nos banquiers de nous racheter à prix coûtant tous nos investissements Scellier foireux, ceux qui, logés au beau milieu de résidences fantômes ont perdu près de 60% de leur valeur, ne sont plus éligibles aux remises fiscales, ne sont pas loués et restent invendables.
Et ils ont dit oui ces abrutis, non mais quels imbéciles tout de même.

De plus on leur a refourgué nos vieux turbos et warrants usagés au prix d'achat, de vieux produits qui traînaient avec une valorisation proche de 0 ; si si, cela s'appelle être moins regardant sur les conditions exigibles d'octrois de prêts.

Et alors la cerise sur le gâteau est que nos bien aimées avaient préparé un vide grenier, de quoi rapporter 150 EUR par là quitte à rester avec 3 ou 4 cartons fourre-tout sur les bras.
Que nenni ! On t'a fourgué ça aux banques au prix d'achat et on a tout racheté à neuf.

Avec tout cet argent nous allons réinvestir en Scellier et sur des dérivés (on va tenter les matières premières, on pense avoir reniflé 2 ou 3 bonnes petites affaires) et cette fois ça va marcher et du coup ensuite on prêtera un peu... si ça marche... ça relancera l'économie et l'emploi ah oui.

Bon je vous laisse, apparemment avec les rachats illimités des obligations on devrait pouvoir rapporter les papiers que nous avions entassés sous le barbecue et à côté de la cuvette des toilettes. Paraît même qu'avec l'argent reçu en échange on va pouvoir prêter à 10 ans à des pays asphyxiés, le tout garanti par les contribuables.

On va se gaver !

Et n'oubliez pas surtout, c'est de votre faute, dépensiers !
En revanche mettez-vous bien dans la tête que rembourser le privé des mauvais investissements qu'il a réalisés avec de l'argent qui n'est même pas le sien c'est ça LA solution pour relancer l'économie et l'emploi ah oui, c'est la seule solution, l'unique, et elle est ir-ré-ver-sible.

Avec l'aimable autorisation de "Black Hole", dont les les fameux coups de gueule sur les fora boursorama sont chaque fois une invitation à nous lever contre l'oligarchie qui nous gouverne !

jeudi 13 septembre 2012

On ne dit pas...


On ne dit pas " Nouvelles taxes"
..... mais "Pas de nouveaux impôts".


On ne dit pas " Les barèmes de l'impôt vont changer, dîtes-vous le bien, vous allez morfler une fois encore"
.... mais "Il n'y aura absolument aucun impact sur l'impôt, aucun je m'y engage, sauf pour les 3 dernières tranches".


On ne dit pas " Merci encore super contribuable pour les 40 cts de plus à la pompe que tu paies sans broncher au gouvernement depuis 1 an "
.... mais "Nous allons baisser les prix de 3 cts pendant 12 heures et ça va nous coûter 300 millions encore ! Et dîtes pas merci surtout ".


On ne dit pas " Allez vous faire foutre avec votre référendum même si je vous avais promis le contraire durant les présidentielles. Maintenant que je suis élu je vais faire comme mon prédécesseur qui était vraiment bien moins con que vous ne l'êtes "
... mais " Je préfère la voie parlementaire ".


On ne dit pas " Depuis toujours, le jeu est de chercher à plumer l'oie sans la faire crier "
.... mais " La solution est simple et nous allons nous y affairer car nous avons longuement réfléchi ces dernières années et enfin, après 37 sommets de la dernière dernière chance, 14 G20, 8 G4, 14 G12, 3 G10 et 22 G8, nous l'avons trouvée : il faut plus d'emplois et plus de croissance ".


On ne dit pas " Personne ne sait pourquoi ça monte "
... mais " Les marchés espèrent une action de la BCE (ou un QE3 ou une action de la Chine) ".


On ne dit pas " J'ai urgemment besoin d'aides ; cependant je dois faire comme si ce n'était pas le cas, on ne sait jamais, si ça peut faire baisser les taux "
.... mais " Je déments avoir pensé à réfléchir à demander de l'aide ".

Sinon dans l'actualité on a la Chine qui est engagée dans un fort ralentissement pour les 2 voire 3 prochaines années dixit l'un de mes analystes favoris, Monsieur Jacques SAPIR.


On a eu les sages allemands qui, au terme d'un suspense insoutenable ces 2 dernières semaines tant le dénouement semblait incertain, ont finalement donné leur accord pour ce qui a déjà été vendu comme acquis il y a quelques mois et ce pour le grand bonheur de tous (quand je dis " tous " ne cherchez pas, vous n'y êtes pas). Comme s'il y avait encore une once de pouvoir au niveau étatique.


Reste Goldman Sachs et son alerte de krach sur les marchés actions à partir du 14 septembre. Au vu des combines plus que douteuses de cette banque par le passé on se croirait en pleine finale d'une partie de Mistigri lorsqu'il ne reste que vous avec votre carte en main et votre adversaire qui vous demande de choisir entre l'une de ses 2 cartes, celle qui vous manque et celle à éviter à tout prix.
Laquelle est la bonne ? Celle qui dépasse ? Celle qui semble délibérément masquée ? Laquelle est-ce ?


Et comment ne pas évoquer Mario DRAGHI et ses rachats illimités de titres de dettes d'états mais limités par des conditions. Ah bon c'est limité ? On dirait oui.


C'est limité par des conditions qui doivent être détaillées, que dis-je, étudiées par la BCE car à part l'effet d'annonce ils n'ont pas foutu grand chose.


C'est limité par le montant car il ne faut pas rêver, l'Espagne ne pourra pas réclamer des milliers de milliards même en hypothéquant ses plus beaux châteaux andaloux et la Grèce encore moins maintenant qu'elle est rincée.


Et c'est limité aux obligations à 3 ans, celles qui ne rapportent presque rien. Les plus critiques, celles à 10 ans dont tout le monde parle, celles qui font les Unes des journaux papier, télévisées, partout dans le Monde avec leurs seuils fatidiques des 7%, celles-là on les laisse aux requins.


Voilà mais sinon à part ça c'est illimité.


Je suis de tout coeur avec le peuple grec et je leur souhaite bien du courage même si selon moi ils ne parviendront à rien malheureusement, je crains qu'ils en aient pris pour 15 ans minimum avec leur taux à 10 ans toujours à 30%.


Sinon et bien le MES faire avaler aux allemands c'est fait, l'action de la BCE de rachats illimités limités c'est fait, la Chine qui se restructure c'est fait, le temps du changement c'est maintenant et bien ce sera dans 2 ans mais on va dire que c'est fait, manque plus que le QE3 et ensuite je ne sais pas ce que les analystes vendus iront chercher comme excuse à la con pour pondre leur papier... en tous les cas c'est à peu près par là que ça devrait moins rigoler.


Pour moi le MES est un stabilisateur de budget, le moyen de garantir le paiement des intérêts par les états aux banques privées, le moyen de tenir les peuples d'Europe dans ce qui n'est que de l'esclavagisme financier, le tout sans débordement, sous contrôle.


Pour finir je ne pouvais m'empêcher de rappeler quelques citations de nos représentants ces derniers jours tant elles dépassent tout ce que nous avions entendu jusqu'à présent.


Commençons par notre cher BARROSO et ses plus de 5 000 Mds d'aides en tous genres octroyées aux banques privées européennes ces 4 dernières années qui a fini par lâcher le vilain mot de " Fédération d'états-nations " et a bien souligné ce jour que la BCE ne financerait pas les états (bravo HOLLANDE qui se voyait un jour emprunter à 1% il y a 3 mois encore - On ne pourra pas dire qu'il se sera beaucoup battu).



Poursuivons avec OBAMA pour qui sans les trillions lâchés il y aurait des millions de sans emplois en plus. Personnellement j'ai fait un rapide calcul sous le règne Sarkozy et ses 500 Mds envolés entre 2007 et 2012 soit 100 Mds par an ce qui aurait par exemple permis de payer tous nos chomeurs à rien f.outre 35 KE par an durant toute la crise. Et pourtant le nombre de sans emplois n'a cessé d'augmenter. Mais où diable est parti l'argent ? Evaporé... dans de la nouvelle dette, de nouveaux intérêts, du rien...



Alors ce tocard de RAJOY inutile de le citer on en aurait pour la vie des rats. Il était une fois un homme d'état... " L'Espagne est solide, son système, ses banques, bla bla bla " ..." Je n'ai pas besoin d'aide "... " Si j'avais besoin d'aide ce serait peanuts "... " Les conditions de financement se durcissent (pourtant j'comprends pas nous n'avons pas besoin d'aide, ah non, c'est bien comme je vous l'ai toujours dit) "... " Nous pensons à peut-être réfléchir à une réunion de travail pour évoquer un éventuel besoin d'aide "... "
ALERTE GENER A A A A LE ! "... " Vivement l'open bar de la BCE "... " Quoi c'est ça l'happy funky money hour ? Ca sent l'arnaque on dirait ".



Et je terminerai vous vous en doutez avec la crème de la crème (si si on a mieux encore dans le catalogue), du haut vol, le tsar de la semaine du top foutage de gueule, la perle du net politique, Mario MONTI avec son mémorable " Je reconnais avoir aggravé la récession (ah bon on était en récession, pas en pleine reprise ?) mais pour le bien du pays " qui restera à coup sûr dans les an(n)ales c'est la cas de le dire.


Avec l'aimable autorisation de "Black Hole", dont les les fameux coups de gueule sur les fora boursorama sont chaque fois une invitation à nous lever contre l'oligarchie qui nous gouverne !

mercredi 20 juin 2012

Grèce : on prend les mêmes et on recommence..



Grèce : le conservateur Antonis Samaras devient Premier ministre

Le chef du parti conservateur grec Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, 61 ans, est devenu mercredi Premier ministre en Grèce, après avoir obtenu le soutien de deux autres partis pour tenter de restaurer le crédit d'un pays en quasi-faillite.

Gagnant des législatives dimanche, mais sans majorité absolue, M. Samaras a négocié et obtenu le soutien de deux autres partis, les socialistes du Pasok et la gauche modérée du Dimar, qui lui permet de revendiquer 179 voix sur 300 au Parlement grec.

Mais surtout, lisez bien :

L'actuel président de la Banque nationale de Grèce (BNG), Vassilis Rapanos, est pressenti pour devenir ministre des Finances, selon la chaîne de télévision publique Net.

A 65 ans, cet économiste de formation est un vieux routier de la gestion du pays au côté des équipes socialistes, et a dirigé le Conseil des experts du ministère de l'Economie et des Finances au moment de l'entrée de la Grèce dans l'euro, en 2001. Il pourrait se rendre dès jeudi à Bruxelles pour la réunion de l'Eurogroupe.

Oui, vous avez bien lu !
Il était aux manettes en 2001 lors du maquillage des comptes grecs, avec l'aide de Goldman Sachs..
Bravo, c'est donc avec ce genre de personnage nauséabond que les grecs vont s'en sortir !

Je vous invite à relire cet article : "Les pompiers pyromanes", il faut donc en ajouter un à la liste..
Je suis révolté